Carnet du millésime

hiver

Saison dormante.

Au bon signal, quitter la torpeur.
Le climat est tendre, les réveils aussi ; premiers travaux placides.
Fin janvier, dans l’élan du redoux, les fruitiers osent leurs toutes premières fleurs.

Puis début février, de nouveaux invités au jardin : arbousiers, sorbiers et arbres à baies sont plantés — appoints d’abris et de denrées pour la faune qui sort aussi de son sommeil.

printemps

Saison jaillie.

Retour de l’eau et des mésanges.
Il pleut le long du coteau, bottes dans l’argile.

La vigne point, malgré les intimidations du gel, du mildiou.
Nuit glacée en avril : l’éolienne sauve les rangs mais des fruitiers succombent.

Enfin les températures remontent et favorisent la pousse jusqu’aux fleurs de mai :

l’inflorescence est belle, prometteuse en grappes — des machaons, papillons jaunes et noirs, par dizaines.

été

Saison déliée.

Soleil pléthorique dans le pin parasol.
Le vert, sur tout le domaine, éclate en nuances.
À la mi-juin, le pistil, devenant fruit, s’enfle comme un petit pois.
Puis la fraîcheur de juillet relaie les croissances pour une véraison d’une semaine.

Août joue la sécheresse (l’eau tarit au lavoir, l’argile craquèle) : on cherche l’ombre,
comme la truffe du sanglier dans le paillage des roses — la lumière, elle, concentre les baies.

automne

Saison mature.

Quatre jours pleins pour vendanger.
Merlots, puis cabernets francs, même générosité.
La récolte est plus parcellaire que jamais grâce aux travaux de l’année.

Plus de cuves, plus de lots… et plus de précision dans le travail du raisin !

Les vinifications, sans soufre, tirent aussi partie de ces nouveautés : les mêmes cuves,
trapues de technicité, offrent un meilleur contrôle des fermentations — le goût des justesses.

hiver

Saison dormante, encore.

La vigne s’assoupit mais pas le vin.
En barriques, en amphores, les jus s’étoffent.
L’homme et le temps opèrent aux caves et remontent au jardin.

le vin

 

 

Après la taille des taupiaires, on fend les bûches pour les feux de cheminée.
Enfin, l’assemblage où la trame des cabernets francs (41%) rencontre la courbe des merlots (59%). Et tandis qu’en surface les camélias fleurissent, les chais accouchent d’un vin à l’équilibre rond, gourmand, expressif : en lui le volume, suave et sapide, de la mûre ; l’énergie, claire et saillante, de la ronce — la sève et le fruit d’un tenant, nouvel ouvrage d’un verger de vigne.